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Natacha Cerutti

Natacha Cerutti

© D. R.

Natacha Cerutti est née et a grandi en Suisse. Elle vit à Tokyo depuis 2005 où elle travaille dans une agence de relations publiques.

Interview acordée à "La dixième muse" en Janvier 2012


En quelques mots, pouvez-vous vous présenter ?


Je suis née en 1974 dans une région suisse environnée de montagnes, le Valais, et c’est peut-être cette étroitesse géographique qui m’a très vite donné envie de m’évader. Simplement voyager ne me suffisait pas, alors j’ai décidé d’étudier le japonais à l’université de Genève avant de me rendre dans ce pays à trois reprises, les deux premières fois avec une bourse d’étude, puis la troisième pour le travail. J’habite actuellement à Tokyo où je travaille dans une entreprise de relations publiques.


Quelles sont vos influences littéraires ? cinématographiques ?


En ce qui concerne la littérature, j’ai toujours aimé les classiques et aujourd’hui encore je me délecte d’une écriture ciselée telle celle d’Andreï Makine ou Irène Némirovsky, par exemple. Je lis aussi beaucoup de récits de voyage, notamment Alexandra David-Néel et Ella Maillart. Côté anglophone, je citerais Virginia Woolf qui a totalement changé ma manière de voir le monde et, plus récemment, bien sûr Sarah Waters.
Quant au cinéma, je suis plutôt éclectique, de Pedro Almodovar à Federico Fellini, en passant par Claude Lelouch. Enfant, en revanche, j’adorais les films hollywoodiens très glamours, avec Marlène Dietrich ou Ava Gardner et surtout, plus que n’importe quel autre classique : « Autant en emporte le vent.


Si Yoshino devait être un personnage de littérature classique, quel serait-il et pourquoi ?


Je pense à Scarlett O’Hara qui perd l’homme qu’elle aime par excès de vanité. Dans le cas de Yoshino, il s’agit plutôt de peur d’enfreindre les traditions, mais je trouve qu’il y a également beaucoup de fierté chez elle.


Pourquoi avez-vous choisi le Japon ? Y avez-vous vécu ou voyagé ? Connaissez-vous ce pays par votre parcours professionnel ou personnel ?


Comme évoqué ci-dessus, je vis au Japon et il me semblait donc naturel de situer mon premier roman dans ce pays.


Comment « L’Archipel des faux-semblants » est-il né ? Comment avez-vous eu l’idée de départ ? Comment s est déroulé la rédaction ?


La rédaction m’a pris deux ans, car j’ai délaissé le projet plusieurs fois avant de le reprendre. L’idée m’en est venue tout simplement de mon vécu personnel au Japon et des femmes rencontrées dans ce pays. Je trouvais — et trouve toujours — la société japonaise étouffante, et surtout pour une femme. J’avais depuis longtemps envie d’en parler plus profondément et écrire un roman me paraissait la meilleure manière de le faire.


Le Japon et l’homosexualité féminine quelles sont pour vous les principales différences avec la France (droits, façon de vivre son homosexualité, regard des autres et intégration dans la société, etc.) ?


Tout d’abord je voudrais dire que le Japon est, en termes culturels, un pays de « high context », ce qui signifie que rien ou presque n’est exprimé de manière explicite. Tout est dans la nuance, le non-dit, la non-confrontation. Être différent au Japon est donc en quelque sorte un défaut, quelque chose susceptible de déranger l’ordre social, et il vaut donc mieux le taire. Par conséquent, presque personne n’est « out », à part peut-être la politicienne Kanako Otsuji dont je parle dans le livre. La Gay Pride de l’été dernier, par exemple, n’a vu défiler qu’une centaine de personnes et, parmi les femmes, beaucoup d’étrangères plus à l’aise avec leur sexualité que les Japonaises. Je dirais que l’homosexualité féminine, telle qu’on la conçoit en Europe aujourd’hui, est inexistante au Japon, dans le sens où il vaut mieux ne pas en parler. Par exemple lorsque est sorti le DVD japonais de « The L Word », on a présenté la série comme parlant de femmes glamoureuses vivant à LA. A aucun moment on n’a parlé de lesbiennes.
Il y a par conséquent encore beaucoup à faire par exemple en ce qui concerne les droits, car la plupart des Japonaises vivent dans le placard, le PACS n’existe pas, etc. Il y a également beaucoup de pression sociale par rapport au mariage et il est difficile pour une femme de justifier son célibat, surtout passé la trentaine.
Une grande partie de mon récit est basé sur des faits réels, sur des femmes qui vivent cachées, aux yeux de leurs parents, de leurs amis, de la société.
J’aurais bien sûr préféré que Yoshino s’affirme plus, mais cela me paraît impossible dans son cas. Elle est trop prisonnière des règles qui gèrent la société japonaise. Le livre se veut un peu un manifeste pour la cause des femmes au Japon.


Vos projets à venir ?


Si je devais écrire un second livre, je le voudrais plus léger. Peut-être en reprenant le personnage très attirant et libéré de Miho que j’ai adoré décrire. Mais pour l’instant j’ai un peu trop de travail — à la japonaise ! pour pouvoir me replonger tout de suite dans l’écriture…

Interview
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