"Beyrouth empreinte" une histoire de lesbiennes au Liban écrit par Patricia Bureu. Agrandir l'image

Beyrouth empreinte

En venant travailler à Beyrouth, Sasha n’envisageait qu’un bref séjour au Liban. C'était sans compter sa rencontre avec Farah.
Dix ans plus tard, quand la guerre éclate, elle s’y trouve toujours et l’envoûtante Orientale est devenue sa raison d’être.
Alors que les circonstances conduisent Farah à se rapprocher de sa famille et de son ex-mari, pour protéger son fils, Sasha se sent soudain comme une étrangère.
Le bon sens lui suggère de fuir le Liban, mais elle ne peut se résoudre à abandonner Farah et le jeune Rabih.
Les deux femmes parviendront-elles à bâtir ensemble, à Beyrouth ou ailleurs, un avenir serein et dépourvu de danger ?

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17,06 €

Informations

ISBN 978-2-913066-53-3
Nombres de pages 189

Extraits

" (...) Je m’approchai et posai ma main sur sa joue. La fixant avec intensité, je caressai d’un doigt l’ovale de son visage puis lui tournai le dos, me dirigeant vers l’entrée. Elle se leva, m’attrapa fermement le bras, m’attira derrière la porte de communication et m’embrassa si passionnément que je laissai tomber mon sac de mon épaule. Saisissant sa taille, je la plaquai contre le mur.
Notre baiser ne prit fin que lorsque nous dûmes prendre notre respiration.
— Je suis amoureuse de toi et je ne comprends rien à ce qui m’arrive, murmura-t-elle.
Je m’enfonçai dans son regard, la serrai tout contre moi et l’embrassai pour toute réponse.
— J’ai peur, chuchota-t-elle à mon oreille.
— Moi aussi.
Nous entendîmes Rabih appeler « Maman ». Je ramassai précipitamment mon sac et me jetai dans le fauteuil. Elle partit à sa rencontre dans le couloir.
Notre histoire débutait à peine et les conditions dans lesquelles elle allait vivre s’imposaient d’elles-mêmes. Faire attention. Alerte permanente. Danger. Surtout, que Rabih ne nous surprenne pas. Il pourrait innocemment nous dénoncer et les retombées nous mèneraient tout droit au gibet. Un avant-goût des angoisses et des risques à venir. (...) "

*

" (...) Aux informations, on parle d’évacuation. Je monte le son.
Il faut que j’aille à l’ambassade de France pour m’inscrire sur les listes. À peine ai-je pensé à cette probabilité qu’immédiatement je m’en veux. Comment puis-je imaginer une seule seconde me mettre à l’abri en laissant derrière moi Farah et Rabih ? Je culpabilise. Je tente encore de la joindre. Comme j’aimerais qu’elle soit là. Je n’en peux plus, je veux la voir, discuter avec elle, savoir où elle en est. Elle me manque. Tiraillée entre la peur et la culpabilité, je ne peux me résoudre à fuir alors que seule cette perspective m’apaise. (...) "

*

" (...) Le téléphone. Farah.
— Je suis chez moi avec Alia.
— Je prends une douche et j’arrive.
C’est la nouvelle lune, elle se voit à peine. La nuit est calme, chaude et agréable comme seules les nuits d’été peuvent l’être. Elles donnent tout à aimer ces nuits-là, si on ne les brutalise pas. Elles nous enserrent dans leur douceur, se collent au corps et cachent les destructeurs. Pourvu qu’aucun tract ne s’abatte sur moi.
Farah ouvre la porte. Son visage est rongé par le chagrin. Je la serre très fort contre moi. Blottie dans mes bras, sa joue au creux de mon épaule, elle ne m’enlace pas. Ses bras sont repliés contre sa poitrine et ses deux mains, sous son menton, enserrent un mouchoir, elle pleure. Je ne sais laquelle des deux soutient l’autre. Elle est l’endroit où j’existe, cette maison que j’ai si longtemps cherchée et mon cœur bat toujours aussi vite quand je suis auprès d’elle. Aucune vie ne me semble possible sans elle. (...) "

A propos de l'auteure

Patricia Bureu
© D. R.

Patricia Bureu

Patricia Bureu a vécu de nombreuses années au Maghreb et au Liban où elle a enseigné le cinéma et l'audiovisuel.
« Beyrouth empreinte » est son premier roman.

Critiques

Patricia Bureu exécute un véritable tour de force avec son premier roman "Beyrouth empreinte". (…) C’est avec beaucoup de sensibilité que Patricia Bureu met en parallèle la guerre militaire et la guerre de l’individualité. Un fort bel ouvrage, bien écrit, qui fait découvrir au lecteur à la fois un espace géographique et une époque peu connues tout en soulignant  un aspect de la vie amoureuse cachée.

Yves Gauthier, on Info-culture.biz

Pour son premier roman, Patricia Bureu nous plonge avec brio dans une ambiance où les tensions sont palpables et les rebondissements prenants. Dans une écriture recherchée, l'auteure dépeint deux combats: celui de la guerre et celui d'un amour lesbien interdit, passible de prison, qui doit aussi résister à des traditions sexistes bien ancrées. Une relation complexe entre deux femmes de cultures très différentes, le tout ponctué de belles scènes d'amour.
Béatrice Catanese, on tetu.com
(…) Un premier roman captivant qui nous propulse au cœur de la guerre du Liban à travers le regard d'une expatriée amoureuse d'une femme et d'un pays envoûtants.
Kristel, on L-editorielles.com



Commentaires

Note 
23/06/2021

Une histoire passionnante

On débarque dans une magistrale scène de ménage. Tout y est. Les cris, le chantage, les reproches … Je suis entrée dans cette histoire passionnante et passionnée dès la première page!
Oui, Il s’agit bien de passion. Passion de ces femmes entre elles, passion pour cet envoûtant pays, passion pour la recherche d’un meilleur avenir. Il n’y a pas d’eau tiède dans ce roman. Ça non.
Et cette prose imagée au vocabulaire acéré et juste nous emmène. Dans l’attente, le désir, la terreur, la peur, l’amour, la clandestinité, l'espoir, le désespoir, l'absence, l'angoisse et même la résignation … et nous raconte avec justesse ce quotidien de ces femmes libanaises qui ne s’appartiennent pas. Ou plus. Qui ne sont que la femme de … ou la fille de …
Avec un style puissant, on suit le destin de ces deux amantes, ballottées, bousculées et même et secouées par cette guerre et ses terrifiants bombardements. Mais aussi par cette loi de la charia, implacable, qui les oblige à se cacher de tous, sous peine d'emprisonnement. Ou pire encore.
Et j'ai pleuré en lisant ces mots couchés sur le cahier bleu. Dévastée. Et tous les souvenirs qui suivent … un déchirement. Disloquée. Terrassée. Vidée. Anéantie. Et puis un dernier rebondissement et le sourire revient. Enfin.
Avec d’habiles flashbacks, on apprend à mieux connaître et comprendre ces femmes fortes. Obligées et empêchées.
Les phrases sont belles, avec une musique qui reflète chaque situation qu’on vit pleinement. Parfois mélancolique, parfois rapide et tonique, parfois lyrique, parfois enjouée, parfois triste …. mais toujours forte et merveilleuse.
Que la langue française est belle !!! C'est un très beau moment de lecture.

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En venant travailler à Beyrouth, Sasha n’envisageait qu’un bref séjour au Liban. C'était sans compter sa rencontre avec Farah.
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Alors que les circonstances conduisent Farah à se rapprocher de sa famille et de son ex-mari, pour protéger son fils, Sasha se sent soudain comme une étrangère.
Le bon sens lui suggère de fuir le Liban, mais elle ne peut se résoudre à abandonner Farah et le jeune Rabih.
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